mercredi 10 septembre 2008

De la bimbeloterie




A Taipei, en compagnie de Serge Dreyer, de Vincent Ruche et de votre Blogographe, vingt-cinq étudiants d’Asie ont ensemencé une graine machicotienne. Ainsi est né à l’Orient le Cirque du Détour…
Retour d’Asie. La sensation d’être éjecté d’un vortex bariolé. Taipei l’immense, populeuse et qui bosse, noria de scooters et de rires, enchanteresse aux papilles et parfois démoniaque au nez. Densité record mondial, course au pognon, arsenic en goguette, certes… mais on se sent si fluide en arpentant les venelles blindées bondées. Pas de tags pissouilleux marquant de tristes territoires, nulle resquille dans le métro, le vendeur qui te rattrape pour te rendre la monnaie qu’il aurait pu facilement te carotter vu que tu piges couic à la langue et aux idéogrammes. Les femmes gracieuses, les hommes courtois, l’élégance en simple T-shirt. Le regard aérien, tandis qu’au sol le poisson cru côtoie la bouche d’égout. Et les dieux et les fantômes qui se partagent un gâteau de lune au sommet des hyper-buildings. C’est imparfait, Taipei, comme partout : l’enfer pour certaines, le purgatoire pour beaucoup et l’illusion paradisiaque pour quelques uns. La mégapole a ses parfums, mais au moins ça ne sent pas l’eau de Javel. On me disait : la beauté première de Taiwan, c’est son peuple. Je confirme. Taipei la belle.
Retour d’Asie. A Amsterdam, déjà, la pression, l’agressivité quasi palpable dans la file d’attente alors qu’on est tous sûrs d’embarquer. Mon Ethargie de l’Ouest, qui me paraît désertique. Il me faut descendre à Pont-Triste-Vie pour y poster un colis. Dans le hall de la poste, je tombe des nues. On y vend désormais des albums timbrés, OK, des crayons de couleur, passe encore, mais aussi des films en DVD et même… des pochettes-surprises ! Je proteste, rejoint en cela par un brave monsieur qui nargue de son mégot le sanitairement correct et de sa gouaille la résignation convenue : « moi, lance-t-il, l’autre jour j’ai demandé une boîte de cassoulet, mais y en avait pas ! ». Le service public s’apprête à fermer les deux agences proches de chez moi, et se privatise en loucedé, se la joue bimbelotier. Ca ne colle pas, ce pauvre étal ici. Pour tout dire, c’est minable.
A Formose, il n’est pas un quart de mètre carré qui ne soit petit commerçant. Pourtant ça ne vous oppresse pas, ça coule comme une évidence millénaire. Ici, n’en déplaise aux speedés d’une Ethargie libérale, pareil foisonnement n’est pas dans notre culture. L’Asie triomphera si elle reste naturelle et se gaufrera si elle persiste à nous singer. Ibidem, la notion de service public est la garantie de notre survie, et à vouloir multiplier hors de raison l’écu sonnant et trébuchant, nous trébuchons déjà, et nous en sortirons sonnés.

mercredi 18 juin 2008

De l'amourhhée

J'ai planté trois petits palmiers dans mon jardinet simplet. Faut-il les arroser? L'ami Stang, qui vient à passer, m'en dissuade. D'une main d'autorité, il creuse le sol dessiqué. Plus en profondeur, la terre est humide. "Les racines vont devoir s'allonger pour aller chercher l'eau", conclut-il. "Ainsi tes arbres seront mieux ancrés, plus résistants. Si tu arroses, les racines se la joueront feignasses, en surface. Et au premier grand vent, au revoir tout le monde!".
Ainsi de l'amour, soliloqué-je sous l'oeil ahuri de mes melons et pimprenelles. Je sentimente, au débouché d'une scrutation quinquagénaire du biotope où je m'emberlificote, que plus ça va, plus les gens aiment leurs mioches. Et que ça sirupe à tire-larigot, au kilomètre au kilo! C'est-y qui qu'on aime vraiment quand on aime autant? Va savoir. C'est-y quoi qu'on ancre en soi? Et ces enfants trop imbibés,aux racines aériennes, résisteront-ils à l'ouragan prochain?
Tu sais quoi, camarade blogogriphu(e)? En ce trop-plein d'amour déversé, j'en viens à regretter le voussoiement, la distance, le respect de la porte close, le danger du silence. Certes, du temps de la crinoline, ça swinguait sec de la névrose dans les familles réfrigérées. Mais l'excès inverse? L'amourrhée, je l'appelle, est un fléau tout pareil.Une pathologie qui s'hérédite. Une maladie orpheline, comme on dit fort à propos. Car elle fait des orphelins d'enfants qui ont trop de parents.
Ceci posé, je l'avoue, j'ai quand même arrozilloté mes palmiers. Quelques gouttes. La juste mesure, espéré-je...

mardi 10 juin 2008

Du fait d'oser

Eulalie du Midi et son mari élèvent du vin. Un blanc qui vous diabligote le palais en mille et une nuits tant il ouvre d’arrière-chambres capiteuses. Ils vigneronnent leurs élixirs à flancs de coteaux. De chez eux, on contemple la plaine, la moquette à piquette. Eulalie s’étonne. Au Braise-Deal, on fait du carburant à partir d’alcool de canne. Pourquoi ici on n’en produirait pas à partir du raisin, plutôt que de subventionner l’arrachage des ceps ? Tout existe : les distilleries en nombre, le savoir-faire, la ressource humaine… En prime, ça valoriserait les bons crûs. La bibine industrielle exploserait les moteurs, et non plus les foies cirrhotiques. Les mauvais plants : un bon plan ! Eulalie n’est point niaise : elle sait l’omnipotence de la pétrocratie. Mais elle s’ahurit : en pleine crise existe-essence-ciel, comment se puissé-ce que nos élites étiolées somnolent sur le gisement des litres étoilés ? Il suffirait juste d’oser !
P’tit-Conservatoire est viticultrice, elle aussi. Elle a repris le domaine de ses parents, en douzième génération ! Trente hectares d’alchimie. Et un Mourvèdre à fissurer le gosier le plus janséniste. Au sommet d’un paisible pech (ainsi les Tant-occis désignent-ils une colline) une demeure altière se laisse courtiser par la langue sinueuse d’un sentier bordé d’oliviers vieux. L’endroit est superbe. Trop, peut-être. P’tit-Conservatoire se demande si ça n’intimide pas le flâneur de passage. Nous lui avouons que nous avions déjà repéré l’endroit, mais sans nous y aventurer. Et si P’tit-Conservatoire n’était pas venue nous voir en spectacle, nous serions passés à côté d’une belle rencontre et d’un vrai plaisir papillaire… alors qu’il nous suffisait juste d’oser !

samedi 31 mai 2008

Des p'tits frigos sur l'eau

Notre Cirque des Machicotes escale sur la rive du canal du Déjeuner. Entre platanes et oliviers matelotent les vacanciers fluviaux. Ce sont des retraités, pour la plupart, qui abandonnent leur sang trop lourd à la nonchalante artère aqueuse. Il y a quatre cents ans, beaucoup d'hommes jeunes sont morts en la creusant. Aujourd'hui, maman, ça sert à rien qu'à faire flotter des p'tits frigos sur l'eau, dont les clapots nerveux détériorent les berges.
A seulement quelques encablures, les marins pêcheurs de la Mermaid sont au désespoir. Les pompes s'enivrent. Le gas-oil est pompette. Et les métiers à moteur ont la gueule de bois. Les bateaux pour de vrai vont couler, tandis que les bateaux pour de faux pullulent. Satané progrès !
Les amies charmantes qui nous accueillent ici tiennent une librairie, à ce qu'il paraît le plus grand repaire de livres anciens connu en Europe. Les reliures par dizaines de milliers y patientent, font le dos rond pendant que se noient les travailleurs des embruns et que oisivent les rentiers de l'emprunt. Les livres ont de la feuille, c'est bien connu. Ils nous entendent avec l'acuité des reclus en silence. Et ils ont réponse à tout. Aujourd'hui, je me demande s'il n'est pas vain d'opposer contrepèteries et pirouettes au déferlement blindé de la sottise. IlnI m'offre un exemplaire de La Cloche de Ferragus, tonitruant pamphlétaire anti-Napoléon III. Au premier hasard, j'y lis ma consolation: "le calembour est au fond de tout; c'est ce qui rend le français indispensable au monde".

samedi 17 mai 2008

Du rapportage à quatre chandelles

L’orage roulait à contresens. En dix ans, Stang ne l’avait jamais vu se comporter de la sorte. Epoque épopique, où nos ondes maléfiques perturbent jusqu’aux perturbations.
Dans l’affaire, nous avons laissé un disjoncteur. Promptement, le réseau électrique réagit à notre détresse, et son technicien, Ohm-Homme-Ôm, déboule à la maison. Il s’étonne de ce que notre installation ne soit point scellée, et au terme de son intervention, il plombe règlementairement les appareils sous tutelle edéèfienne. En vérité, m’avoue-t-il, il aurait dû s’en abstenir, signaler l’anomalie à sa hiérarchie, qui nous aurait alors mandé un agent assermenté, lequel aurait dressé procès-verbal. Désormais, en effet, il incombe au personnel de signaler systématiquement les risques de PNT (pertes non techniques) puisque fatalement, n’est-ce pas, derrière ce genre d’infraction se dissimulent de redoutables asociaux, qui détournent notre sève nucléaire pour la fourguer aux hirondelles en panne de batterie.
Ohm-Homme-Ôm ajoute qu’il est tenu de débusquer et de cafeter au moins deux PNT par mois, sans quoi ça risque de lui chauffer grave les oreilles côté plan de carrière et choix d’affectations. Il me confie son écœurement, il vit cela comme un appel à la délation. Désobéir ? Pas facile. On lui a bien fait comprendre qu’il courait le risque qu’un collègue (Ohm-Homme-Ôm dit encore « un copain »), intervenant ultérieurement sur le même site, révèle à ses supérieurs et la contravention et la défaillance professionnelle de son prédécesseur. On l’a vu par le passé, rien de tel qu’une saine émulation pour transformer une corporation fraternelle en une cohorte de salopards.
On nous enseignait autrefois qu’il est inconvenant de montrer quelqu’un du doigt, que dénoncer son voisin est une mauvaise action. Et les enfants guillerets comptinaient : « t’es qu’un rapporteur à quatre chandelles ! ». C’était du temps de la bougie, avant l’électricité. A la lumière du jour d’aujourd’hui, il nous faudrait courber l’échine, nous incliner selon un angle que les rapporteurs se chargeraient de mesurer. Moi, je me battrai pour conserver l’angle droit. Et tant pis si j’ai peu de moyens. A l’équerre comme à l’équerre !

vendredi 21 mars 2008

Des oeufs-géhenne

Bientôt Pâques, la loi sur les OGM, et le Tibet se convulse.
C’est un jour, les briochimistes ils en avaient marre d’inventer tout le temps des brioches rigolotes, et qu’ils ont dit : avec la briochimie, on peut inventer autre chose à manger que des brioches rigolotes. Et comme la Pâque approchait, ils ont décidé : alors on va inventer des œufs à la coque, que les cloches elles vont les offrir aux gens mais qu’ils casseront pas en tombant du ciel du Bon Dieu. Le truc, c’est que tu peux pas tout maîtriser, surtout quand tu te prends pour le Bon Dieu. Les œufs, ils étaient trop chauds, et durs en plus, et on se brûlait grave dans le ventre avec. Alors on les a appelés les œufs-géhenne. La géhenne, dans la bible, c’est l’enfer avec plein de tortures qui font mal. Du coup, les gens ils ont dit : finalement, on va continuer avec les oeufs du poulailler. Mais comme les cloches, elles faisaient exprès de sonner fort, les briochimistes ils ont fait ceux qu’entendaient pas bien. Et ils ont inventé l’œuf-pimpon. C’est un peu comme un pompier en œuf. Quand tu le manges, il éteint le feu que l’œuf-géhenne il a allumé dans ton ventre. Donc t’as pas le choix. Dès que tu manges un œuf-géhenne, faut manger un œuf-pimpon. Alors les gens ils ont redit : non, vraiment, on va s’en tenir au poulailler. Et là, le Gros Micheton de Bruxelles (1) est intervenu : oh là là, désolé, mais y a plus droit aux poules, maintenant ! Son pote, l’Enorme Le-Rot-Pérenne, il a approuvé : les poules sont illégales. Donc voilà pourquoi les enfants du jour d’aujourd’hui, ils te demandent d’un air paumé : papa, c’est qui qu’était là en premier, l’œuf, ou la briochimie ?
Là-bas, dans l’Hymne-à-Laya, les couvreurs du Toit du monde s’agitent sur leur échafaudage. Aussi sec, les Ping-Pongs, qui les ont envahis y a longtemps, ils leur tirent les oreilles, même les décollent, même leur décollent la tête si ils comprennent pas. Moi, je dis que pour les gens des lamas, c’est pareil que pour les gens des poules. Dès qu’il y a un désir d’autonomie, faut l’étouffer dans l’œuf.
(1) voir le Bloglossaire

vendredi 14 mars 2008

Du cléricafard et du Poilu

Lazare Ponticelli vient d’éteindre la flamme du dernier Poilu connu.
Quand j’étais jeune, c’était d’un commun ! Quoi ? Les Poilus, lustucru ! Ca sentait Douaumont, la peur, la sueur, l’ossuaire. Ca cuivrait comme l’harmonie au pied du monument d’après la messe, fané sitôt que fleuri. Ca paraissait loin loin, et nos grands-pères en étaient pourtant. Y avait encore la Loterie Nationale, qui entretenait le rafistolage des Gueules cassées. Pour dire, on avait déjà un pied dans la tranchée, histoire de bien se rappeler que tôt ou tard, on mettrait le second dans la tombe. Et puis rideau ! Des Poilus, y en a plus ! V’là le Chemin des Dames remisé au rayon des fantasmes pubères. Pour nous autres, de la quinquagène et plus, il restera le narré de pauvres types rapetissés sous la mitraille, tapis dans la fange sanguinolente, le regard fou levé vers le ciel : y-avait-t-y là-haut un Dieu, ou rien que des obus ? Des géants de vingt ans, grandis non d’une bravoure dont ils n’avaient plus rien à foutre, mais de la résignation à n’être que ce que nous sommes : des hommes. Seulement, sic transit, les espèces les plus grandes sont les premières vouées à l’extinction. Le Poilu a disparu.
Et le cléricafard minuscule prolifère. Cléricafard, au siècle passé, ça désignait le faux dévot, l’hypocrite. Lui, il connaît la réponse à ce qu’y-a-t-y là-haut. Y a des Dieux (ou des Idées), et aussi des obus. Pour protéger le Dieu d’ici des obus du Dieu d’à côté. Mais rien pour protéger le Poilu, c’est poilant, non ? Maints états ont à leur tête un cléricafard. Jusqu’à notre Ethargie (1). Idéalement, le souverain cléricafardesque s’appuie sur deux institutions : le Ministère de Dieu et le Ministère des Obus. En vérité, il pourrait se contenter d’un seul, vu que le Dieu, tel que l’entend le cléricafard, a pour vocation de vendre de l’obus qui rapetissera le pauvre type.
Et pendant que les cléricafards d’ici et d’ailleurs bousillent la vie des Poilus de partout, il fait quoi, Celui qui ne se résigne pas, le géant qu’on n’écoute pas ? Il va quand même pas rester les bras en croix !
(1) voir le Bloglossaire

vendredi 29 février 2008

De la crapaudaille

Tranquilles, on s’apprêtait à commémorer la quadragénarité du chaud mai 68, et voilà qu’un printemps vénéneux s’avance dès la fin février. A Lutèce, enivrés d’un laisser-aller douceâtre et assassin, les insectes nuisibles essaiment et se haïssent, s’immiscent en mystère sous l’armure républicaine, piquent le corps social jusqu’au sang. En nos campagnes, autre jeu de massacre. Les crapauds ahuris rampent hors des fossés. Et sur l’asphalte vespéral, ils pullulent, pléthorent, cohortent et légionnent. Benêts béats ba, ils s’offrent à la décimation. Ca roule pour eux ! Enfin… sur eux. On a beau être vigilant du volant, fatalement le pneu batraciphage finit par s’en tartiner un. La route vous prend un air guilleret de Waterloo verruqueux, semé de galettes sordides hérissées de petits membres disloqués pointant le ciel en une pauvre imploration : s’il te plait, le Bon Dieu, la prochaine fois, tu nous réincarnes en semi-remorques, du genre qu’on y regarde à deux fois avant de les écrabouiller sur la chaussée.
Frères et sœurs blogogriffus, ne trouvez-vous point que nous avons ces jours un air de crapauds ? Bonasses et pépères, sans vraiment l’envie d’en découdre, plus interloqués que colères, l’incongru a fini par nous tirer de dessous nos pierres, le nez en point d’interrogation : c’est quoi c’est-y ce bazar qui se passe ? Et on sent bien qu’il va falloir y aller voir. Descendrons-nous dans la rue ? Nos camarades amphibiens nous démontrent que le goudron est le support idéal sur lequel écraser « crapauderies » et « crapaudailles » (1). Envahirons-nous la cuisine électorale ? Nous y serons cuits « à la crapaudine », aplatis tout pareil, comme on accommode les pigeons.
Pour l’heure, la réflexion nous rive sur les bas-côtés herbus. Cela peut durer encore. Le crapaud résiste longtemps au jeûne et à la dessiccation. Mais tôt ou tard, ainsi que lui commande son déterminisme écologique, il finira par gober le nuisible enhardi.
(1) Mon pote Larousse l’Ancien m’apprend qu’on désignait de la sorte « les bandes de gens méprisables, hideux et repoussants ».

vendredi 22 février 2008

De l'épingle à nourrice

Le Conseil constitutionnel vient de recadrer le projet de loi sur la rétention de sûreté porté par la demi-nistre du Juste Vice…..
Nico l’Ancre, notre souverain révéré, notre souffrant référent, loué soit-il (voire on le vend si ça intéresse quelqu’un), veut prioritairiser à l’école les apprentissages fondamentaux. Blogogriffus amis, approuvons-le massivement. Un exemple entre mille : Madame Dati eût été bien inspirée de s’en tenir aux humanités essentielles dont se satisfaisait naguère le beau sexe, à savoir le Brevet des Etudes, et surtout, surtout, une bonne note en arts ménagers. Ainsi, plutôt que de patauger dans le concept glauque de rétention de sûreté, notre Garde des Sceaux, des Pelles et des Châteaux de sable, et nonobstant élégante garde-robe, aurait pu judicieusement puiser dans son bagage d’éducation domestique et produire de sa boîte à couture LA solution aux dangers de récidives, à savoir l’épingle de sûreté, encore dénommée épingle à nourrice.
Expliquons. Madame Dati s’étonne, et nous avec elle, que certains criminels ne sortent pas détendus de leur détention. En conséquence, la demi-nistre postule et pustule qu’il convient d’inviter iceux à la retenue, avec la même fermeté bienveillante et paternelle dont témoignaient nos surveillants généraux lorsque décidément nous nous montrions récidivants de la déconnade et qu’il urgeait de nous retenir quelques heures le jeudi. Sauf que dans le cas présent, il s’agira d’une colle ad vitam aeternam. D’où l’émergence du concept de rétention de sûreté, qui fera suite à celui de détention de dureté. Au passage, on soulignera qu’il existe une troisième notion, réservée aux déments de haut vol, celle de prétention de pureté. Mais les centres de prétention de pureté existent en nombre dans les mondes du spectacle, de la politique, des religions et des affaires, tandis que les centres de rétention de sûreté restent à créer.
Or donc, Madame la Harde des Sots, des Brelles et des Cachots de sable, abandonnez ce projet coûteux et compliqué. Et revenez-en aux sains fondamentaux. Quand un criminel se fait épingler, épinglez-le pour de bon ! Dans le gras du bide, avec une épingle à l’échelle. Puis accrochez-le n’importe où. Vu que ce sera une épingle de sûreté, il est pas prêt de l’ouvrir ! Alors on dira de vous, Madame, qui tant aimez vous parer du luxe haut couturier, « elle est vraiment tirée à quatre épingles ! ».

mercredi 30 janvier 2008

Des finançailles.

Lundis noirs, Société Générale, subprimes... les euros se sèment et se ramassent à la pelle* sur les places financières. Retour ethnologique sur les finançailles.
Les finançailles sont un des rituels les plus fascinants de notre époque épopique. Quand une jouvencelle cherche à se financer, elle s’installe sur le marché, et pose au sol sa corbeille (de mariage). Illico, les prétendants accourent, mettent la main au portefeuille pour emplir la corbeille. Trivialement, on appelle cela mettre la main au panier. Ou encore investir, pour devestir la damoiselle. A la clôture du marché, elle se financera avec celui qui aura eu le plus de couilles au spécule. Funeste erreur ! Un fort en couilles est un crack… boursier.
*voir "Du bon usage de la pelle en société" ci-dessous.

mercredi 23 janvier 2008

De l'école

Ce jour, Monsieur Attali vient de faire sa grosse commission sur le perron de l’Elysée. L’école, on s’en doute, s’y chope le zéro pointé. Inadaptée, source d’inégalités, et tout le toutim… Chers blogogriffus, qu’il me soit permis à ce sujet de vous soumettre un nouvel extrait de mes "Considérations éparses autour de Nico l’Ancre":
Ce midi, je lis Restes-Rances, premier quotidien national par le tirage, c’est dire s’il fume. Dans un article consacré à la prétendue faillite de l’enseignement, l’inénarrable saucissologue d’astreinte nous assène que l’école devrait savoir « entraîner les élèves à la compétition scolaire ». En écho, d’ailleurs, le supplément sports déploie rien moins que vingt-quatre pages d’affliction rédactionnelle pour promouvoir la viande humaine aux hormones et narrer les résultats des comices compétitifs.
La cause est entendue : l’école publique est foireuse. Ce genre d’assertion béton, tu discutes pas. T’as beau voir que l’instit de tes chiares, il est pas si branque que ça, que l’école, en fait, elle fonctionne plutôt bien… non, on te dit que l’école est foireuse, d’accord ? C’est vrai, tu concèdes, pas assez de postes, y a des classes surchargées, et le centre médico-pédagogique manque de personnel pour accompagner les enfants qui cahotent… Mais t’es con, t’a rien compris, en vérité ! Ca, c’est pas foireux, c’est normal. Mais alors, tu interroges, c’est quoi, foireux ? Bah foireux, c’est quand un truc qui rapporte aucun sou à personne, un truc public on va dire, par exemple une école, ça marche à peu près. T’es d’accord ? Ouais, tu dis, je trouve qu’au total la scolarité de mes gamins s’est déroulée grosso modo de façon satisfaisante. Tu vois bien, c’est foireux ! Bon, tu reconnais, au niveau pédagogique, ça n’a pas toujours été au top. T’aurais aimé un peu plus de conscience, un peu moins de savoir. N’importe quoi ! Pour que ça foire encore plus ? De guerre lasse, tu demandes : mais alors, qu’est-ce que c’est-y qu’il faut-y qu’on peut y faire qu’on y fasse ? Et là, impériale, la bétonnière gouvernante te déverse sa toupie dans l’entendement : il faut réformer ! Montessori ? Freinet ? Steiner ? Non. Microsoft. Adidas. Mac Donald.
Dans mon hameau perdu, l’espérance de vie d’un chat est très courte, et la réintroduction du genre félin dans notre biotope se solde à ce jour par un échec sanglant. Les renards et les chiens ont la canine pressante sur les gorges miaulantes. Après la mort de mon copain Ah-nom-de-diou, son fox-terrier n’a plus quitté son perron, comme s’il attendait son retour et veillait sur Fine-Claire, son épouse. Avant-hier, le clébard est revenu nous saluer à la maison. Il a fini son deuil. Mais le petit chaton, rescapé d’une portée sauvage, pauvret qui passait par chez nous, a entamé le sien. D’un coup de casse-noix sur les cervicales, notre ami fox l’a expédié ad patres. Voilà comment il faut réformer l’école. Cultivons l’art de la compétition. Apprenons à nos enfants qu’il vaut mieux aboyer que ronronner.

dimanche 13 janvier 2008

Du bon usage de la pelle en société

La pelle est un outil formé d’une plaque ajustée à un manche. Tout l’art, c’est de se placer du côté du manche. Cependant on admettra que si tout le monde se positionnait du côté du manche, il n’y aurait plus personne pour équilibrer côté plaque. On veillera en conséquence à ce qu’ils soient beaucoup plus nombreux côté plaque, où ça doit creuser dur, que côté manche, où s’exerce la seule poussée, poussée sans laquelle la plaque ne saurait creuser. Ceux qui oeuvrent du côté du manche sont habiles à rouler ceux qui manoeuvrent côté plaque. On appelle ça rouler une pelle. C’est que du profit, il y en a! A la pelle, évidemment. Mais s’ils veulent s’en saisir, ceux du côté plaque ne se ramasseront… qu’une pelle. Alors, dégoûtés, ils comprendront qu’ils s’y sont pris comme des manches. Ceux du côté plaque sont à côté de la plaque. Mais t’as pas le choix. Si tu plaques le côté plaque, t’auras plus qu’à faire… la manche. Au jeu de la vie, bonne pioche, mauvaise pioche…
(extrait de Considérations éparses autour de Nico l'Ancre)

De la prochaine mutation de l'Homme en Narval.