Lazare Ponticelli vient d’éteindre la flamme du dernier Poilu connu.
Quand j’étais jeune, c’était d’un commun ! Quoi ? Les Poilus, lustucru ! Ca sentait Douaumont, la peur, la sueur, l’ossuaire. Ca cuivrait comme l’harmonie au pied du monument d’après la messe, fané sitôt que fleuri. Ca paraissait loin loin, et nos grands-pères en étaient pourtant. Y avait encore la Loterie Nationale, qui entretenait le rafistolage des Gueules cassées. Pour dire, on avait déjà un pied dans la tranchée, histoire de bien se rappeler que tôt ou tard, on mettrait le second dans la tombe. Et puis rideau ! Des Poilus, y en a plus ! V’là le Chemin des Dames remisé au rayon des fantasmes pubères. Pour nous autres, de la quinquagène et plus, il restera le narré de pauvres types rapetissés sous la mitraille, tapis dans la fange sanguinolente, le regard fou levé vers le ciel : y-avait-t-y là-haut un Dieu, ou rien que des obus ? Des géants de vingt ans, grandis non d’une bravoure dont ils n’avaient plus rien à foutre, mais de la résignation à n’être que ce que nous sommes : des hommes. Seulement, sic transit, les espèces les plus grandes sont les premières vouées à l’extinction. Le Poilu a disparu.
Et le cléricafard minuscule prolifère. Cléricafard, au siècle passé, ça désignait le faux dévot, l’hypocrite. Lui, il connaît la réponse à ce qu’y-a-t-y là-haut. Y a des Dieux (ou des Idées), et aussi des obus. Pour protéger le Dieu d’ici des obus du Dieu d’à côté. Mais rien pour protéger le Poilu, c’est poilant, non ? Maints états ont à leur tête un cléricafard. Jusqu’à notre Ethargie (1). Idéalement, le souverain cléricafardesque s’appuie sur deux institutions : le Ministère de Dieu et le Ministère des Obus. En vérité, il pourrait se contenter d’un seul, vu que le Dieu, tel que l’entend le cléricafard, a pour vocation de vendre de l’obus qui rapetissera le pauvre type.
Et pendant que les cléricafards d’ici et d’ailleurs bousillent la vie des Poilus de partout, il fait quoi, Celui qui ne se résigne pas, le géant qu’on n’écoute pas ? Il va quand même pas rester les bras en croix !
(1) voir le Bloglossaire
Quand j’étais jeune, c’était d’un commun ! Quoi ? Les Poilus, lustucru ! Ca sentait Douaumont, la peur, la sueur, l’ossuaire. Ca cuivrait comme l’harmonie au pied du monument d’après la messe, fané sitôt que fleuri. Ca paraissait loin loin, et nos grands-pères en étaient pourtant. Y avait encore la Loterie Nationale, qui entretenait le rafistolage des Gueules cassées. Pour dire, on avait déjà un pied dans la tranchée, histoire de bien se rappeler que tôt ou tard, on mettrait le second dans la tombe. Et puis rideau ! Des Poilus, y en a plus ! V’là le Chemin des Dames remisé au rayon des fantasmes pubères. Pour nous autres, de la quinquagène et plus, il restera le narré de pauvres types rapetissés sous la mitraille, tapis dans la fange sanguinolente, le regard fou levé vers le ciel : y-avait-t-y là-haut un Dieu, ou rien que des obus ? Des géants de vingt ans, grandis non d’une bravoure dont ils n’avaient plus rien à foutre, mais de la résignation à n’être que ce que nous sommes : des hommes. Seulement, sic transit, les espèces les plus grandes sont les premières vouées à l’extinction. Le Poilu a disparu.
Et le cléricafard minuscule prolifère. Cléricafard, au siècle passé, ça désignait le faux dévot, l’hypocrite. Lui, il connaît la réponse à ce qu’y-a-t-y là-haut. Y a des Dieux (ou des Idées), et aussi des obus. Pour protéger le Dieu d’ici des obus du Dieu d’à côté. Mais rien pour protéger le Poilu, c’est poilant, non ? Maints états ont à leur tête un cléricafard. Jusqu’à notre Ethargie (1). Idéalement, le souverain cléricafardesque s’appuie sur deux institutions : le Ministère de Dieu et le Ministère des Obus. En vérité, il pourrait se contenter d’un seul, vu que le Dieu, tel que l’entend le cléricafard, a pour vocation de vendre de l’obus qui rapetissera le pauvre type.
Et pendant que les cléricafards d’ici et d’ailleurs bousillent la vie des Poilus de partout, il fait quoi, Celui qui ne se résigne pas, le géant qu’on n’écoute pas ? Il va quand même pas rester les bras en croix !
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