mercredi 30 janvier 2008

Des finançailles.

Lundis noirs, Société Générale, subprimes... les euros se sèment et se ramassent à la pelle* sur les places financières. Retour ethnologique sur les finançailles.
Les finançailles sont un des rituels les plus fascinants de notre époque épopique. Quand une jouvencelle cherche à se financer, elle s’installe sur le marché, et pose au sol sa corbeille (de mariage). Illico, les prétendants accourent, mettent la main au portefeuille pour emplir la corbeille. Trivialement, on appelle cela mettre la main au panier. Ou encore investir, pour devestir la damoiselle. A la clôture du marché, elle se financera avec celui qui aura eu le plus de couilles au spécule. Funeste erreur ! Un fort en couilles est un crack… boursier.
*voir "Du bon usage de la pelle en société" ci-dessous.

mercredi 23 janvier 2008

De l'école

Ce jour, Monsieur Attali vient de faire sa grosse commission sur le perron de l’Elysée. L’école, on s’en doute, s’y chope le zéro pointé. Inadaptée, source d’inégalités, et tout le toutim… Chers blogogriffus, qu’il me soit permis à ce sujet de vous soumettre un nouvel extrait de mes "Considérations éparses autour de Nico l’Ancre":
Ce midi, je lis Restes-Rances, premier quotidien national par le tirage, c’est dire s’il fume. Dans un article consacré à la prétendue faillite de l’enseignement, l’inénarrable saucissologue d’astreinte nous assène que l’école devrait savoir « entraîner les élèves à la compétition scolaire ». En écho, d’ailleurs, le supplément sports déploie rien moins que vingt-quatre pages d’affliction rédactionnelle pour promouvoir la viande humaine aux hormones et narrer les résultats des comices compétitifs.
La cause est entendue : l’école publique est foireuse. Ce genre d’assertion béton, tu discutes pas. T’as beau voir que l’instit de tes chiares, il est pas si branque que ça, que l’école, en fait, elle fonctionne plutôt bien… non, on te dit que l’école est foireuse, d’accord ? C’est vrai, tu concèdes, pas assez de postes, y a des classes surchargées, et le centre médico-pédagogique manque de personnel pour accompagner les enfants qui cahotent… Mais t’es con, t’a rien compris, en vérité ! Ca, c’est pas foireux, c’est normal. Mais alors, tu interroges, c’est quoi, foireux ? Bah foireux, c’est quand un truc qui rapporte aucun sou à personne, un truc public on va dire, par exemple une école, ça marche à peu près. T’es d’accord ? Ouais, tu dis, je trouve qu’au total la scolarité de mes gamins s’est déroulée grosso modo de façon satisfaisante. Tu vois bien, c’est foireux ! Bon, tu reconnais, au niveau pédagogique, ça n’a pas toujours été au top. T’aurais aimé un peu plus de conscience, un peu moins de savoir. N’importe quoi ! Pour que ça foire encore plus ? De guerre lasse, tu demandes : mais alors, qu’est-ce que c’est-y qu’il faut-y qu’on peut y faire qu’on y fasse ? Et là, impériale, la bétonnière gouvernante te déverse sa toupie dans l’entendement : il faut réformer ! Montessori ? Freinet ? Steiner ? Non. Microsoft. Adidas. Mac Donald.
Dans mon hameau perdu, l’espérance de vie d’un chat est très courte, et la réintroduction du genre félin dans notre biotope se solde à ce jour par un échec sanglant. Les renards et les chiens ont la canine pressante sur les gorges miaulantes. Après la mort de mon copain Ah-nom-de-diou, son fox-terrier n’a plus quitté son perron, comme s’il attendait son retour et veillait sur Fine-Claire, son épouse. Avant-hier, le clébard est revenu nous saluer à la maison. Il a fini son deuil. Mais le petit chaton, rescapé d’une portée sauvage, pauvret qui passait par chez nous, a entamé le sien. D’un coup de casse-noix sur les cervicales, notre ami fox l’a expédié ad patres. Voilà comment il faut réformer l’école. Cultivons l’art de la compétition. Apprenons à nos enfants qu’il vaut mieux aboyer que ronronner.

dimanche 13 janvier 2008

Du bon usage de la pelle en société

La pelle est un outil formé d’une plaque ajustée à un manche. Tout l’art, c’est de se placer du côté du manche. Cependant on admettra que si tout le monde se positionnait du côté du manche, il n’y aurait plus personne pour équilibrer côté plaque. On veillera en conséquence à ce qu’ils soient beaucoup plus nombreux côté plaque, où ça doit creuser dur, que côté manche, où s’exerce la seule poussée, poussée sans laquelle la plaque ne saurait creuser. Ceux qui oeuvrent du côté du manche sont habiles à rouler ceux qui manoeuvrent côté plaque. On appelle ça rouler une pelle. C’est que du profit, il y en a! A la pelle, évidemment. Mais s’ils veulent s’en saisir, ceux du côté plaque ne se ramasseront… qu’une pelle. Alors, dégoûtés, ils comprendront qu’ils s’y sont pris comme des manches. Ceux du côté plaque sont à côté de la plaque. Mais t’as pas le choix. Si tu plaques le côté plaque, t’auras plus qu’à faire… la manche. Au jeu de la vie, bonne pioche, mauvaise pioche…
(extrait de Considérations éparses autour de Nico l'Ancre)

De la prochaine mutation de l'Homme en Narval.