Eulalie du Midi et son mari élèvent du vin. Un blanc qui vous diabligote le palais en mille et une nuits tant il ouvre d’arrière-chambres capiteuses. Ils vigneronnent leurs élixirs à flancs de coteaux. De chez eux, on contemple la plaine, la moquette à piquette. Eulalie s’étonne. Au Braise-Deal, on fait du carburant à partir d’alcool de canne. Pourquoi ici on n’en produirait pas à partir du raisin, plutôt que de subventionner l’arrachage des ceps ? Tout existe : les distilleries en nombre, le savoir-faire, la ressource humaine… En prime, ça valoriserait les bons crûs. La bibine industrielle exploserait les moteurs, et non plus les foies cirrhotiques. Les mauvais plants : un bon plan ! Eulalie n’est point niaise : elle sait l’omnipotence de la pétrocratie. Mais elle s’ahurit : en pleine crise existe-essence-ciel, comment se puissé-ce que nos élites étiolées somnolent sur le gisement des litres étoilés ? Il suffirait juste d’oser !
P’tit-Conservatoire est viticultrice, elle aussi. Elle a repris le domaine de ses parents, en douzième génération ! Trente hectares d’alchimie. Et un Mourvèdre à fissurer le gosier le plus janséniste. Au sommet d’un paisible pech (ainsi les Tant-occis désignent-ils une colline) une demeure altière se laisse courtiser par la langue sinueuse d’un sentier bordé d’oliviers vieux. L’endroit est superbe. Trop, peut-être. P’tit-Conservatoire se demande si ça n’intimide pas le flâneur de passage. Nous lui avouons que nous avions déjà repéré l’endroit, mais sans nous y aventurer. Et si P’tit-Conservatoire n’était pas venue nous voir en spectacle, nous serions passés à côté d’une belle rencontre et d’un vrai plaisir papillaire… alors qu’il nous suffisait juste d’oser !
mardi 10 juin 2008
Du fait d'oser
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