En route vers les volcans, où nous devons humoriser, je m’arrête dans un centre Pas Clair pour y faire quelques emplettes. Là, chanceux que je suis, il m’est donné d’assister à la cérémonie de la relève d’une caissière. «T’as combien de pause ?», demande la nouvelle à sa collègue. « Neuf minutes ». Ai-je bien entendu ? «Oui da !», me confirme la charmante hôtesse de caisse. 9 minutes. Et pourquoi pas 10 ? «On a 3 minutes par heure». Pour le pipi, j’imagine. «Et c’est cumulable», m’explique-t-elle. Un peu comme si les caissières avaient une carte-fidélité de la pause pipi.
Je m’emballe : quelle merveilleuse organisation ! (dans les supermarchés, on donne le papier-cadeau, mais on doit s’emballer soi-même). Gageons que sous peu, les pauses ne feront plus 9 minutes, mais 8 minutes 99 (on est dans le commerce, oui ou zut ?). Voire, mieux, 9 minutes 8596, à savoir 3,14 multipliés par 3,14, puisqu’il s’agit de pause pi pi (soyons cohérents). Il y aura de temps à autre des promotions, genre « 25% de pause gratuite offerte en plus au rayon liquides » pour caissières énurétiques (soyons sociaux). Et si vous entendez bruire quelque récrimination au fil des tapis roulants, ce seront médisances de caissières vieilles et paresseuses, tant il est vrai que la paresse mène aux pauses. Les jeunes hôtesses de caisse, elles, célèbreront leurs employeurs. Quand elles se laisseront aller à la jérémiade dans le secret du vestiaire, c’est que les dirigeants des centres Pas Clair les auront autorisées à s’y plaindre quatre fois. Une pause, les musiciens le savent, vaut quatre soupirs.
Et puis, disons-le franco. On nous recommande pour sauver la planète, de ne plus laisser nos appareils en veille. Les hôtesses de caisse sont des machines comme les autres, il serait écologique qu’on cessât de les mettre en pause !
mardi 24 novembre 2009
De la pause pipi
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