Tranquilles, on s’apprêtait à commémorer la quadragénarité du chaud mai 68, et voilà qu’un printemps vénéneux s’avance dès la fin février. A Lutèce, enivrés d’un laisser-aller douceâtre et assassin, les insectes nuisibles essaiment et se haïssent, s’immiscent en mystère sous l’armure républicaine, piquent le corps social jusqu’au sang. En nos campagnes, autre jeu de massacre. Les crapauds ahuris rampent hors des fossés. Et sur l’asphalte vespéral, ils pullulent, pléthorent, cohortent et légionnent. Benêts béats ba, ils s’offrent à la décimation. Ca roule pour eux ! Enfin… sur eux. On a beau être vigilant du volant, fatalement le pneu batraciphage finit par s’en tartiner un. La route vous prend un air guilleret de Waterloo verruqueux, semé de galettes sordides hérissées de petits membres disloqués pointant le ciel en une pauvre imploration : s’il te plait, le Bon Dieu, la prochaine fois, tu nous réincarnes en semi-remorques, du genre qu’on y regarde à deux fois avant de les écrabouiller sur la chaussée.
Frères et sœurs blogogriffus, ne trouvez-vous point que nous avons ces jours un air de crapauds ? Bonasses et pépères, sans vraiment l’envie d’en découdre, plus interloqués que colères, l’incongru a fini par nous tirer de dessous nos pierres, le nez en point d’interrogation : c’est quoi c’est-y ce bazar qui se passe ? Et on sent bien qu’il va falloir y aller voir. Descendrons-nous dans la rue ? Nos camarades amphibiens nous démontrent que le goudron est le support idéal sur lequel écraser « crapauderies » et « crapaudailles » (1). Envahirons-nous la cuisine électorale ? Nous y serons cuits « à la crapaudine », aplatis tout pareil, comme on accommode les pigeons.
Pour l’heure, la réflexion nous rive sur les bas-côtés herbus. Cela peut durer encore. Le crapaud résiste longtemps au jeûne et à la dessiccation. Mais tôt ou tard, ainsi que lui commande son déterminisme écologique, il finira par gober le nuisible enhardi.
(1) Mon pote Larousse l’Ancien m’apprend qu’on désignait de la sorte « les bandes de gens méprisables, hideux et repoussants ».
Frères et sœurs blogogriffus, ne trouvez-vous point que nous avons ces jours un air de crapauds ? Bonasses et pépères, sans vraiment l’envie d’en découdre, plus interloqués que colères, l’incongru a fini par nous tirer de dessous nos pierres, le nez en point d’interrogation : c’est quoi c’est-y ce bazar qui se passe ? Et on sent bien qu’il va falloir y aller voir. Descendrons-nous dans la rue ? Nos camarades amphibiens nous démontrent que le goudron est le support idéal sur lequel écraser « crapauderies » et « crapaudailles » (1). Envahirons-nous la cuisine électorale ? Nous y serons cuits « à la crapaudine », aplatis tout pareil, comme on accommode les pigeons.
Pour l’heure, la réflexion nous rive sur les bas-côtés herbus. Cela peut durer encore. Le crapaud résiste longtemps au jeûne et à la dessiccation. Mais tôt ou tard, ainsi que lui commande son déterminisme écologique, il finira par gober le nuisible enhardi.
(1) Mon pote Larousse l’Ancien m’apprend qu’on désignait de la sorte « les bandes de gens méprisables, hideux et repoussants ».