vendredi 21 mars 2008

Des oeufs-géhenne

Bientôt Pâques, la loi sur les OGM, et le Tibet se convulse.
C’est un jour, les briochimistes ils en avaient marre d’inventer tout le temps des brioches rigolotes, et qu’ils ont dit : avec la briochimie, on peut inventer autre chose à manger que des brioches rigolotes. Et comme la Pâque approchait, ils ont décidé : alors on va inventer des œufs à la coque, que les cloches elles vont les offrir aux gens mais qu’ils casseront pas en tombant du ciel du Bon Dieu. Le truc, c’est que tu peux pas tout maîtriser, surtout quand tu te prends pour le Bon Dieu. Les œufs, ils étaient trop chauds, et durs en plus, et on se brûlait grave dans le ventre avec. Alors on les a appelés les œufs-géhenne. La géhenne, dans la bible, c’est l’enfer avec plein de tortures qui font mal. Du coup, les gens ils ont dit : finalement, on va continuer avec les oeufs du poulailler. Mais comme les cloches, elles faisaient exprès de sonner fort, les briochimistes ils ont fait ceux qu’entendaient pas bien. Et ils ont inventé l’œuf-pimpon. C’est un peu comme un pompier en œuf. Quand tu le manges, il éteint le feu que l’œuf-géhenne il a allumé dans ton ventre. Donc t’as pas le choix. Dès que tu manges un œuf-géhenne, faut manger un œuf-pimpon. Alors les gens ils ont redit : non, vraiment, on va s’en tenir au poulailler. Et là, le Gros Micheton de Bruxelles (1) est intervenu : oh là là, désolé, mais y a plus droit aux poules, maintenant ! Son pote, l’Enorme Le-Rot-Pérenne, il a approuvé : les poules sont illégales. Donc voilà pourquoi les enfants du jour d’aujourd’hui, ils te demandent d’un air paumé : papa, c’est qui qu’était là en premier, l’œuf, ou la briochimie ?
Là-bas, dans l’Hymne-à-Laya, les couvreurs du Toit du monde s’agitent sur leur échafaudage. Aussi sec, les Ping-Pongs, qui les ont envahis y a longtemps, ils leur tirent les oreilles, même les décollent, même leur décollent la tête si ils comprennent pas. Moi, je dis que pour les gens des lamas, c’est pareil que pour les gens des poules. Dès qu’il y a un désir d’autonomie, faut l’étouffer dans l’œuf.
(1) voir le Bloglossaire

vendredi 14 mars 2008

Du cléricafard et du Poilu

Lazare Ponticelli vient d’éteindre la flamme du dernier Poilu connu.
Quand j’étais jeune, c’était d’un commun ! Quoi ? Les Poilus, lustucru ! Ca sentait Douaumont, la peur, la sueur, l’ossuaire. Ca cuivrait comme l’harmonie au pied du monument d’après la messe, fané sitôt que fleuri. Ca paraissait loin loin, et nos grands-pères en étaient pourtant. Y avait encore la Loterie Nationale, qui entretenait le rafistolage des Gueules cassées. Pour dire, on avait déjà un pied dans la tranchée, histoire de bien se rappeler que tôt ou tard, on mettrait le second dans la tombe. Et puis rideau ! Des Poilus, y en a plus ! V’là le Chemin des Dames remisé au rayon des fantasmes pubères. Pour nous autres, de la quinquagène et plus, il restera le narré de pauvres types rapetissés sous la mitraille, tapis dans la fange sanguinolente, le regard fou levé vers le ciel : y-avait-t-y là-haut un Dieu, ou rien que des obus ? Des géants de vingt ans, grandis non d’une bravoure dont ils n’avaient plus rien à foutre, mais de la résignation à n’être que ce que nous sommes : des hommes. Seulement, sic transit, les espèces les plus grandes sont les premières vouées à l’extinction. Le Poilu a disparu.
Et le cléricafard minuscule prolifère. Cléricafard, au siècle passé, ça désignait le faux dévot, l’hypocrite. Lui, il connaît la réponse à ce qu’y-a-t-y là-haut. Y a des Dieux (ou des Idées), et aussi des obus. Pour protéger le Dieu d’ici des obus du Dieu d’à côté. Mais rien pour protéger le Poilu, c’est poilant, non ? Maints états ont à leur tête un cléricafard. Jusqu’à notre Ethargie (1). Idéalement, le souverain cléricafardesque s’appuie sur deux institutions : le Ministère de Dieu et le Ministère des Obus. En vérité, il pourrait se contenter d’un seul, vu que le Dieu, tel que l’entend le cléricafard, a pour vocation de vendre de l’obus qui rapetissera le pauvre type.
Et pendant que les cléricafards d’ici et d’ailleurs bousillent la vie des Poilus de partout, il fait quoi, Celui qui ne se résigne pas, le géant qu’on n’écoute pas ? Il va quand même pas rester les bras en croix !
(1) voir le Bloglossaire